Les jeunes conducteurs se tuent le samedi soir.... parce qu'ils sont fatigués. La correlation alcool et/ou vitesse ne serait qu'une cause apparente. Une étude très sérieuse montre que 22% des accidents sont dus à la fatigue et génèrent 48% de mortalité. Le cas typique est le jeune qui sort le vendredi soir, bricole avec ses copains ou travaille le samedi et se laisse entraîner à sortir de nouveau la nuit de samedi. Vers les 2 heures du matin, il avoue à ses copains qu'il n'en peut plus. Ils ne le reverront jamais. Les autorités américaines ont fait une étude assez fouillée qui  montre que le jeune possède encore deux grandes faiblesses: il roule de nuit, ce qui est la période la plus dangereuse (temps d'intervention, lisibilité de la route) et il résiste moins bien au stress d'une situation difficile. Ces facteurs, nous disent les USA, sont encore renforcés par la moindre qualité de son véhicule, souvent vieux, et son inexpérience. Enfin, last but not least, ils ne portent que peu la ceinture (SURTOUT lorsqu'ils sont plusieurs dans une voiture, ce qui aggrave les chiffres) et résistent moins bien à l'alcool. Fatalement, statistiquement, le jeune mâle (c'est lui qui roule le soir et des épaules et conduit) apparait dans les statistiques. Tant que nous ne pourrons pas faire de campagne montrant un jeune, fatigué qui dit "Je suis crevé, je rentre" avec, aussitôt, un des ses amis qui lui répond: "NON, je te ramène"; on ne pourra pas avertir les parents que: "une nuit oui, mais pas deux d'affilée". En un mot le jeune ne connait pas ses limites. Tout axer sur la vitesse ou 'le goût du risque' avancé par une responsable de la S.R. France, 2002 est un peu court. Les Américains sont gentils, mais leur approche reste concentrée sur leur problème principal: la circulation automobile (voitures). Hors, le jeune se tue à tous les ages: entre 13 et 15 ans, à vélo, entre 15 et 17 ans sur son cyclo, ensuite à moto, entre 18 et 20 jusqu'à 25 ans et en voiture pour la même période. Hélas, il se tue aussi à pied, à ski... et se plante en programmant son ordinateur. Il y peu à faire, comme le montrent les graphiques qui suivent.
courbes Selon l'age, le moyen de circulation change mais le surnombre reste pour les jeunes Selon CEMT 1997 - Tout pays disponibles
Il nous reste à nous interroger sur la pourquoi de cette sur-représentation des Jeunes. Pour cela interrogons l'usager accidenté. Nous avions écrit que le jeune ne connait pas ses limites, mais il ne semble pas connaître celle des autres et de son environnement, et, plus, il vit dans un microcosme, décalé avec un monde pensé pour et par l'Adulte et, de plus en plus, en Europe, pour et par le Vieillard. Nous ne sommes pas convaincus que le jeune aime et recherche le risque. Il agit, comme tout usager, en fonction de SA perception de l'environnement et de ses capacités. Leur surnombre existe dans des pays peu développés, ou la circulation routiere est sporadique, et où l'on aurait du mal à mettre en évidence une culture du risque. Dans certains de ces pays, tout  est fondé sur la prière et le respect des traditions; les 'sorties' nocturnes  sont inexistantes et l'alcool interdit... Pourtant le surnombre demeure. Si un observateur extérieur peut avoir une sensation de risque en regardant la conduite d'un jeune, de même qu'un chef d'entreprise traditionnelle peut se méfier des 'Start-Up', cette perception n'est pas objective: nous savons que ces S.U. pêchent par manque de gestion, de capitalisation et de vue à long terme. Est-ce une cause transposable, par analogie? (gestion = gérer ses états, capital = garder des force, des réserves, vue = penser aux conséquences). Le jeune n'a pas la perception du danger car il axe sa pensée dans une autre direction. Il pourra rouler avec un véhicule très approximatif car, ce qu'il veut, c'est bouger. Il faut donc tenir compte de cette évidence dans l'approche. Un panneau n'améliorera pas le freinage d'un véhicule aux plaquettes de freins usées ni la vivacité d'un jeune qui sort depuis trois nuits d'affilée. Le jeune perçoit l'univers par le biais de son corps, qui fonctionne bien, et donc il transpose inconsciemment cette perception, par projection, sur un univers non univoque. Et puis, le jeune circule beaucoup, sa route est toujours une route inconnue, par définition, et il manque d'expérience, et, dès qu'il l'acquière, il change de moyen de locomotion (piéton -> vélo -> cyclo -> moto -> auto). Si nous pouvions déterminer plus précisément le pourquoi des jeunes frappés en tant que piétons, ce qui permettrait, vu qu'ici on n peut invoquer la vitesse, etc., nous pourrions peut-être faire un premier pas. A quelle heure ou jour, selon quelle couche sociale, dans quel état de fraîcheur, d'état mental, dans quel type de famille, en jean ou endimanché, etc.